Comment mesurer la popularité d'un artiste ?
Chaque chiffre a sa pertinence, mais ne raconte qu’une partie de l’histoire
2024-09-19
Dans l'industrie musicale moderne, la popularité des artistes est mesurée de plusieurs façons. Autrefois, les ventes d'albums et les diffusions radio étaient les principales références. Aujourd'hui, à l'ère numérique, de nouveaux outils et indicateurs se sont imposés. Cet article explore les différentes méthodes actuellement utilisées pour évaluer la notoriété des artistes, en analysant chaque métrique et ce qu'elle reflète.
1. Les certifications (disques d'or, platine, diamant)
Les certifications sont un indicateur historique et emblématique de la popularité d’un artiste. Elles sont attribuées par des organismes nationaux comme le SNEP en France, la RIAA aux États-Unis ou la BPI au Royaume-Uni. Ces distinctions récompensent des seuils de ventes d’albums ou de singles. Par exemple, un disque d’or en France est décerné lorsque 50 000 exemplaires d’un album ont été vendus, tandis que le platine est obtenu à 100 000 ventes.
Dans l'ère du streaming, ces seuils incluent désormais les écoutes en ligne. En France, 1 500 streams équivalent à une vente physique. Ces certifications sont une reconnaissance officielle et symbolisent une certaine longévité ou large diffusion d’un artiste auprès du public. Ces "prix" servent à certifier la popularité d'un titre ou d'un album, après avoir regroupé l'entieretée des streams, ventes numériques et physiques un seul chiffre appelé "équivalent vente". À noter que ces prix sont propre à chaque pays selon certaines conditions.
✅ Avantages : c'est un indicateur national, multi plateforme, multi support, et certifié par une entreprise tierce
❌ Inconvénient : on mélange des chiffres très différents (streams/vente), les artistes utilisent leur fan base pour acheter du physique et booster ces chiffres
2. Les charts nationaux
Les classements nationaux (ou "charts") sont des listes hebdomadaires qui établissent un classement des chansons et des albums les plus populaires dans un pays donné. Ils se basent sur un mélange de ventes physiques, ventes numériques, téléchargements et streaming. Les charts les plus connus incluent le Billboard Hot 100 aux États-Unis, les Official Charts au Royaume-Uni et les Top Albums en France.
Ces classements offrent une vision hebdomadaire de la performance commerciale d'un artiste. Ils permettent de juger rapidement de l'impact immédiat d’un titre ou d’un album à sa sortie. Toutefois, une bonne position dans les charts peut parfois être trompeuse : certains artistes parviennent à grimper haut grâce à une énorme campagne de promotion ou un engouement viral momentané, sans nécessairement traduire une popularité durable. Ils sont également déterminés par le SNEP.
✅ Avantages : même que certifications, il permet d'avoir une photographie récurrente des morceaux et albums les plus consommés en france à un instant T
❌ Inconvénient : même que certifications, c'est une donnée "relative", ce classement dépend de ce qui sort à l'instant T, on peut donc facilement être top album a un instant "creux" par exemple
3. Les charts des plateformes (Spotify, Apple Music, YouTube)
Dans l'industrie actuelle, les plateformes de streaming jouent un rôle central dans la diffusion de la musique. Elles ont chacune leurs propres classements qui mesurent la performance des chansons en fonction des écoutes des utilisateurs. Par exemple, Spotify publie des charts basés sur le nombre de streams dans différentes régions du monde, tout comme Apple Music ou encore YouTube pour les vidéos musicales.
Ces classements sont particulièrement pertinents dans un contexte globalisé, car ils permettent de mesurer la portée internationale d’un artiste. Un artiste local peut voir son titre figurer dans des charts de plusieurs pays, signe d'une résonance internationale.
✅ Avantages : photographie à un instance T, mais on utilise des données cohérentes (streams seulement), les mises à jour peuvent être quotidiennes
❌ Inconvénient : ce sont aussi des données relatives, et cela concerne uniquement les abonnés spotify, cela ne donne pas de mesure globalisante
4. Les streams
Les streams sont devenus un indicateur clé de la popularité d'un artiste, en particulier depuis l'essor des plateformes de musique en ligne comme Spotify, Deezer ou Apple Music. Chaque écoute (ou stream) d'une chanson est comptabilisée, et ces données permettent de suivre en temps réel l'intérêt pour une œuvre.
Cependant, il est important de souligner que tous les streams ne se valent pas. Un utilisateur peut écouter une chanson une seule fois par curiosité ou répéter un morceau plusieurs fois par jour. De plus, les playlists officielles influencent largement la visibilité d’une chanson, ce qui peut gonfler artificiellement les chiffres.
À noter que seul Spotify (leader mondial sur le marché) affiche ces chiffres publiquement.
✅ Avantages : mesure précise et fine temporellement
❌ Inconvénient : peuvent être gonflés artificiellement par les algorithmes, ne montre pas l'engagement des auditeurs, non globalisante, ne prend en compte que les 30 première seconde
5. Les auditeurs mensuels
Une autre donnée offerte par les plateformes de streaming, notamment Spotify, est le nombre d'auditeurs mensuels. Cette métrique reflète combien de personnes uniques écoutent un artiste sur une base mensuelle. Contrairement aux streams, qui mesurent les écoutes répétées, ce chiffre se concentre sur la portée d’un artiste, c’est-à-dire le nombre d'individus qu'il touche réellement.
Cela peut être un bon indicateur pour mesurer la popularité d’un artiste à un moment donné. Toutefois, cette métrique est parfois trompeuse : un artiste peut avoir beaucoup d’auditeurs mensuels grâce à un hit viral, mais sans pour autant fidéliser son public sur le long terme.
À noter toujours que seul Spotify (leader mondial sur le marché) affiche ces chiffres publiquement. Ils sont d'ailleurs régulièrement utilisés par la presse spécialisée, et servent indirectement de publicité à Spotify.
✅ Avantages : bon moyen de mesure l'étendu du public de l'artiste
❌ Inconvénient : ne montre pas l'engagement des auditeurs
En fait les deux catégories ci dessus sont très intéressantes mais ne mesurent absolument pas l'engagement du public. Un artiste peut être très populaire "malgré lui" si cela a été provoqué par des stratégies marketings bien ficelées pour booster sa visibilité auprès des algorithmes. Au final ses auditeurs mensuels l'auront peut être écouté sans connaitre, là ou un artiste peut être moins populaire aura une fanbase très forte.
6. L'engagement à travers le merchandising et les concerts
Les ventes de produits dérivés (ou merchandising) constituent un autre signe de popularité. Les t-shirts, posters, albums vinyles et autres objets à l’effigie d’un artiste sont un indicateur direct de l’engagement du public. Contrairement aux streams ou aux écoutes, qui peuvent être passifs, l'achat de produits dérivés montre une forme d'implication plus active et un soutien financier direct. Les artistes qui réussissent à vendre des quantités importantes de merch montrent qu'ils disposent d’une base de fans dévoués, prête à dépenser de l’argent pour se sentir plus proche de l’artiste.
La capacité à remplir des salles de concert, voire des stades, est un autre indicateur central de la popularité d’un artiste. De plus, les concerts sont souvent une source de revenus majeure pour les artistes. Les ventes de billets reflètent également l’engagement des fans. Un artiste qui peut remplir plusieurs dates dans différentes villes ou pays montre qu'il a une base de fans fidèle et prête à investir dans une expérience en live. Les festivals sont également un bon indicateur : être en tête d'affiche d'un événement prestigieux est une preuve indéniable de notoriété.
✅ Avantages : indicateur fort de l'engagement des auditeurs
❌ Inconvénient : peu fiable car dépend de beaucoup de facteurs, indirectement lié à la musique
Il est essentiel de comprendre que ces chiffres peuvent parfois cacher des réalités complexes. Par exemple, un titre peut accumuler des millions de streams grâce à des playlists, mais ne pas refléter un véritable engouement pour l'artiste. De même, des chiffres élevés sur les réseaux sociaux ne se traduisent pas toujours par une réussite commerciale ou scénique.
Les ventes physiques relèvent quant à elle plus d'un résultat de stratégie marketing plutôt que d'une réelle consommation, et sont de fait de moins en moins légitime à être utilisées dans des comptabilisation de popularité "pure", mais plutot d'"engagement".
À l’avenir, il serait judicieux que les plateformes de streaming affinent leurs données, en proposant par exemple des métriques plus précises comme la répartition des auditeurs par tranche d’âge ou le taux de répétition d’écoute d'un morceau, ou même de la discographie d'un artiste. Ces informations permettraient de mieux comprendre l’engagement des fans et de distinguer les écoutes superficielles des communautés véritablement passionnées. En somme, pour mesurer la popularité d’un artiste, il est crucial de prendre en compte un ensemble de facteurs et d’adopter une vue d’ensemble, plutôt que de s’arrêter à une seule métrique. Chaque chiffre a sa pertinence, mais ne raconte qu’une partie de l’histoire.