Certains rappeurs francophones ont fait le choix de développer leur carrière sans dévoiler leur visage. La cagoule est devenue un accessoire constitutif de leur identité artistique. S’il existe plusieurs raisons qui amènent un artiste à vouloir se masquer, elle se fait aussi pièce de mode, comme le prouve les cagoules en laine colorées avec lesquelles s’affichent depuis quelques temps les artistes urbains.

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Cagoule grise en guise de costard
Moi, j'suis venu rafler tout l'biff, pas les Oscars

Kekra, “Cagoulé” (2015)

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Discrétion et famille

Pour certains, comme Siboy ou Kekra, la cagoule est un accessoire servant à préserver leur anonymat. Les codes parfois violents du rap les poussent à se lancer dans leur carrière avec la volonté de cacher leur activité artistique à leur entourage, et particulièrement à leur mère, par peur de les décevoir. Dans sa vie privée, le rappeur conserve alors toute sa liberté car son visage n’a pas été rendu public, ce qui le protège vis-à-vis de ses proches, du public ou encore de la loi. Chez Kalash Criminel, on se rend compte que c’est ce rapport à la famille et notamment à l’éducation reçue qui motive le port de la cagoule :

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Tu m'verras cagoulé, même s'il fait quarante degrés.
Enfant d'immigré, on doit se faire discret

Kalash Criminel, “Le cagoulé le plus connu au monde” (2018)

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La drill et les codes de l’illégal

Si la cagoule sert de symbole de l’illégal depuis des décennies, son utilisation s’accentue avec l’apparition du mouvement drill français au sein duquel certains rappeurs s’approprient les  codes mis en place par les artistes britanniques et américains. La cagoule, comme la doudoune, devient l’attirail obligatoire de tout bon drilleur. Inspirés par l’esthétique des braqueurs, les rappeurs masqués ont la liberté particulière de pouvoir dire et montrer ce qu’ils veulent. C’est notamment le cas du rappeur de Villeurbanne La F pour qui la cagoule est un moyen de rapper la vie de bandit à la première personne, vêtu dans ses clips comme s’il s’apprêtait à commettre un crime :

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Money dans le trap, eh, money dans le rap 
On a money dans les poches gros, juste après l'attaque

La F, “Intro (THF3)” (2021)

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La cagoule de braqueur, ou celle de motard, est donc devenue indissociable des codes drill et le beatmaker Amine Farsi a notamment commercialisé des cagoules brodées “Farsi” à  l’occasion de la sortie de son EP éponyme le 13 mai 2022. Cependant, hors de ce mouvement, la plupart des rappeurs qui portent des cagoules ne le font pas systématiquement. Ce n’est donc ni l’anonymat, ni la volonté de faire parler la musique, comme c’est le cas pour le rappeur Empty 7, qui les anime. Outre certains besoins de mise en scène, la cagoule envahit  doucement les clips et les photos d'artistes pour des raisons esthétiques. 

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T’as mis une cagoule et tu crois qu’t’es drill

M le Maudit, “Braqueurs” (2022)

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Dans le clip du morceau “Panorama” de Jazzy Bazz sorti en début d’année 2022, Alpha Wann invité en featuring arbore une cagoule de laine de la marque Balkinova. Un accessoire de mode onéreux qui sert avant tout l'esthétique du clip. On retrouve cette même proposition chez Lpee avec le clip de “Michael J. Fox” sorti le 6 mai 2022 où le rappeur parisien porte une cagoule de laine colorée. Enfin, le 25 mai 2022, c’est au tour du rappeur suisse Di-Meh  d'apparaître cagoulé dans le clip de “Veuve Clicquot” en featuring avec Caballero. Preuve de l’aspect esthétique de ce choix, on peut noter qu’aucun de ces artistes ne fait référence à la cagoule dans ses paroles.

‍La cagoule et les nouvelles scènes 

Avec la diversification des courants musicaux influençant le rap, de nombreux artistes aux  propositions musicales singulières voient le jour. Pour certains, les choix de direction artistique visuelle se portent sur la cagoule. C’est le cas chez So la Lune ou chez le beatmaker du label Jeune à Jamais Roseboy666 qui s’affiche sur les réseaux sociaux avec différentes cagoules en laine pour faire la promotion de son album “Prettiest Loser” sorti le 11 février 2022. Le 5 mai, c’est Ucyll, signature du même label, qui pose affublé d’une cagoule bleue aux longues oreilles de lapin sur la pochette de son premier EP solo “REP Beuni”.

Chez certains nouveaux rappeurs indépendants, la cagoule devient alors une marque de  fabrique. C’est le cas chez le rappeur d’Aix-en-Provence 23wa qui se sert de sa cagoule de cuir pour renforcer son univers visuel bien que son visage ne soit pas caché sur les réseaux. On retrouve la cagoule en laine colorée chez Henri Bleu ou encore chez H4 qui vient de diffuser son premier clip pour le morceau “Jet Set” dans lequel il porte une cagoule de la créatrice indépendante @thing.one

Après la sombre cagoule du drilleur, c’est à la cagoule de laine colorée et à d’autres de se  populariser. Pour le moment, elles ne sont reprises que par quelques artistes établis et par plusieurs jeunes talents émergents. Ces derniers s’approprient cet accessoire pour renforcer  leur image et incarner au mieux leur musique. Ils se positionnent aujourd’hui dans plusieurs niches musicales que nous reconnaîtrons peut-être plus tard comme des propositions avant-gardistes.

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J’m’endors cagoulé, j'rêve dans l’anonymat

‍PNL, “Plus Tony que Sosa” (2015)




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🖊 Rédigé par Gaspard
✏️ Corrigé par Victor

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